top of page
  • Eden Makaya

La diaspora chinoise

Dernière mise à jour : 3 avr.


Reportage Chine – Extrait... Mémoires de Chine

Catégorie- Histoire



  • Guerres de clans, révoltes paysannes, un pays en rébellion

Au cours du XIXe siècle jusqu'au début du XXe siècle, la Chine connue de nombreux troubles liés à l'implication des empires coloniaux dans les guerres de l'opium, entraînant un mouvement de révolte à travers tout le pays. Surpopulation, pénurie de terres agricoles, troubles politiques ont conduit des milliers de Chinois originaires du sud du pays, à migrer vers des contrées plus clémentes. Dans ce contexte d'insécurité permanente, le gouvernement central s'est retrouvé dans l'incapacité de faire maintenir l'ordre. Kaiping était une zone perdue , ce qui entraîna une première vague d'immigration.


  • Coolies chinois.

  • La diaspora chinoise

En 1847, en fonction des pays demandeurs, certains partiront travailler dans les mines d'Asie du Sud-Est, en Malaisie, ou à Singapour. D'autres se rendront dans les plantations de canne à sucre et bananeraies du Queensland, de Cuba et des mines de métaux précieux du Pérou. De nombreux travailleurs rejoindront la Jamaïque, la Guyane britannique, le Honduras britannique (Bélize), ainsi que les colonies néerlandaises des Pays-Bas, des Indes orientales et du Suriname.


À l'origine, le coolie était un terme indien signifiant une personne qui porte les bagages, transformé et repris dés 1830 par les Britanniques pour qualifier des travailleurs sous contrat, en remplacement du terme esclave (L'humain a cette faculté hypocrite de transformer les mots pour au final dire la même chose). Le coolie, a très vite été utilisé pour désigner le immigrants asiatique, permettant aux gérants d'exploitations agricoles de bénéficier à long terme d'une main-d'œuvre à moindre coût. Par exemple, en 1869, l'importation d'esclaves à Cuba fut interdit, mais rapidement remplacé par le trafic de coolies chinois qui étaient embauchés sous contrat pour plusieurs années. En 1886, un décret royal abolit l'esclavage à Cuba.

























  • 1889- Coolie chinois aux Philippines.

  • 1890- Travailleurs agricoles chinois plantant des tiges de canne à sucre dans un champs sillonné de la plantation de Hambledon, à Cairn.

  • 1898- Coolies chinois.

  • 1900- Coolies chinois transportant des bananes le long d'une voie navigable sur des plates-formes dans le Queensland.

  • 1900- Coolies chinois transportant des bananes le long d'une voie ferrée au milieu d'une plantation de bananes dans le Queensland.

  • 1903- Coolies chinois débarquants dans le port de Belawan sur la côte est de Sumatra.

Les contacts sino-américains débutèrent en 1784, avec le premier navire marchand américain accostant au port de Canton et lorsque des marins philippins s'installèrent en Louisiane. Mais, une première vague migratoire asiatique n'intervient véritablement que dans les années 1840, quand les Chinois, débarquèrent aux États-Unis et dans les pays voisins pour occuper des postes subalternes dans les secteurs les plus ingrats. Il s’agissait surtout d’une migration à vocation temporaire. Un Traité fut signé entre les État-Unis et la Chine afin d'accorder certains droits aux immigrants chinois.













  • 1876- Émigration chinoise à destination de San Francisco. De nombreux chinois ont embarqué à Hong Kong sur des navires pour effectuer le voyage. En 1890, les bateaux à vapeur transportaient plus de 200 000 chinois vers l'Ouest.

  • 1869- Manufacture de cigares chinois à San Francisco.

  • 1875- Pêcheurs chinois à Monterey, Californie.

  • Traité de Burlingame

Signé par les États-Unis et la Chine en 1868, le Traité de Burlingame (une révision du Traité de Tien-Tsin de 1858), prévoyait l'ouverture de certains droits pour des milliers de coolies chinois afin de pouvoir entrer et sortir librement des États-Unis, d'y résider et d'y travailler. Cette loi permit à 105 000 travailleurs chinois d'immigrer aux États-Unis sans aucune restriction jusqu'en 1873. Mais, le nombre de ces immigrants ne cessant d'augmenter au fil des années, ces travailleurs représentant un danger pour l'emploi, fit apparaître un racisme institutionnel promulgué par de nombreuses lois.


  • Ruée vers l'or

La plupart tenteront leur chance, dans un premier temps aux États-Unis, prenant part à la California Gold Rush, entre 1848 et 1856, et continueront en 1858 à la prospection du fameux métal précieux en Colombie-Britannique dans la région du fleuve Fraser. Cette ruée vers l'or se transforma rapidement de contrée fantasmée en cauchemar journalier pour la majorité des travailleurs qui se retrouvaient en réalité embauchés dans des conditions très pénibles. Dès le début des années 1860, la Colombie-Britannique, comptait environ 7000 Chinois, la plupart originaires du Sud de la Chine. Le Canada, comme d'autres colonies, profitera de la traite des coolies chinois, pour se constituer une main-d'œuvre bon marché.







  • 1849- Carte des régions aurifères de Californie.

  • 1850- Carte montrant les routes importantes vers les régions aurifères.



  • 1852- "The Heathen Chinese Prospecting"- La prospection païenne chinoise en Californie, indiquant un préjugé contre les mineurs chinois.

  • Mineurs chinois, lavant le sable Californie.

  • 1920- Mineurs chinois, mine expérimentale du Colorado.

  • 1864- Orpailleurs chinois, fleuve Fraser.

À la fin des années 1860, la ruée vers l'or est terminée, obligeant les Chinois à quitter le Canada, victimes de discrimination et de racisme envers leur communauté. Ces ouvriers qui espéraient accumuler un peu d’argent avant de rentrer au pays se sont retrouvés sans les moyens de payer leur billet de retour, de rembourser leur recruteur, de payer leur nourriture, leur logement ainsi que les frais de leur voyage effectué dans des conditions abominables, où ils étaient transportés comme du bétail, entassés dans les cales pour une traversée de plusieurs mois.


Ceux qui restent doivent travailler de longues heures, occupant les secteurs d'activité les plus ingrats : blanchisserie, restauration, pêche, jardinage, travail domestique, construction de routes et montage de fils télégraphiques.


  • États-Unis - La Central Pacific Railroad (CPRR) 

La Central Pacific Railroad (CPRR) était une compagnie ferroviaire affrétée par les États-Unis, pour construire un chemin de fer vers l'est à partir de Sacramento pour compléter la partie ouest du premier chemin de fer transcontinental en Amérique du Nord. Au cours des années 1880-1884, l'activité de construction de chemins de fer dans la partie nord du versant du Pacifique fut très grande, outre quelques opérations de moindre importance en Arizona, L'Oregon Short Line, le Northern Pacific, l'Oregon California, les routes de la division Columbia de l'Oregon Railway and Navigation Company et le Canadien Pacifique étaient tous en construction. Il y avait un grand manque de main-d'œuvre et on a eu recours aux Chinois, sans qui, en effet, ces routes n'auraient jamais pu être achevées dans le temps et au moindre coût qu'elles ont été construites. Les coolies arrivaient par d'immenses chargements de navires de Canton, précipités vers Portland en prévision d'une interdiction par le Congrès de leur venue ultérieure. Aussitôt arrivés, ils étaient envoyés au front des chemins de fer, pour un salaire d'environ 26$ par mois.



  • 1897- Coolies chinois préparant la route du chemin de fer. - 1867- Carte et profil de la ligne du Pacific Railroad de Omaha à San Francisco.

Sur le chantier du Central Pacific, les ouvriers chinois recrutés en masse sont près de 12 000 à travailler. Moins bien payés que les blancs, ils étaient affectés à des tâches aussi dangereuses que le dynamitage de roches et la pose de voies dans des tunnels et sur des falaises fluviales. Lorsque des conflits commencèrent à éclater, en 1867, plusieurs mouvements de protestations amenèrent des centaines de travailleurs chinois à faire grève pour exiger de meilleurs salaires. Pour faire taire la rébellion, la Central Pacific coupa les vivres, obligeant les ouvriers à reprendre le chantier.




  • 1850- Pont à tréteaux du Central Pacific Railroad.

  • 1869- Coolies chinois, Sierra Nevada.

  • 1869- Locomotive CPRR 113 Falcon, Nevada.












  • 1869- Viaduc de Dale Creek, promontoire de l'Utah.

  • 1885- Groupe d'ouvriers de la construction posant devant un moteur du Pacifique Nord, n° 457, à Green River Crossing..


Le krach financier de 1893, similaire à la crise de 1873, est marqué par l'effondrement du financement des sociétés des chemins de fer, suivi d'une grave dépression économique menant à une série de faillites bancaires. Des émeutes anti-chinois se sont alors propagées à travers l'Occident d’où ont découlé des violences racistes et des massacres.

  • 1882- "La malédiction de la Californie". illustration du puissant monopole ferroviaire, telle une pieuvre, dont les tentacules contrôlent des intérêts financiers de l'élite, des agriculteurs, les intérêts du bois, du transport maritime, des producteurs de fruits, des lignes de scène, des mines et l'industrie du vin.


  • Canadien Pacifique Railway

Au cours des années 1880, une nouvelle vague d'immigration s'implante au pays, attirée par la construction du chemin de fer en Amérique du Nord. Le 21 octobre 1880, le gouvernement signe un contrat avec la société des chemins de fer du Canadien Pacifique et charge Andrew Onderdonk, un entrepreneur américain, de la responsabilité de sa mise en œuvre et obtint du premier ministre John A. Macdonald, la permission d'importer des travailleurs chinois de Californie et de Hong Kong et engage 15 000 coolies pour construire les tronçons les plus dangereux.

  • Colombie Britannique













  • 1881- Tronçon de voie du Canadien pacifique, vallée du Fraser.

  • 1889- Camp d'ouvriers chinois du Canadien Pacifique, parc des glaciers.

  • Pont à tréteaux du chemin de fer canadien.


La construction de chemins de fer transcontinentaux a permis l'établissement de colonies dans l'Ouest et a joué un rôle important dans l'expansion de la Confédération. Débutée en 1881, entre le Canada oriental et la Colombie-Britannique, pour s'achever en novembre 1885 avec la pose du dernier crampon. Au cours des années de construction de la voie ferrée, les travailleurs bâtirent 545 km de voie en Colombie-Britannique, de Port Moody au Col Eagle.


Embauchés dans des conditions inhumaines, les coolies chinois sont surexploités et se voient confier les tâches les plus dangereuses pour un salaire dérisoire de 1$ par jour. Aucune mesure de sécurité n'est prise lors de la traversée du périlleux canyon du Fraser, qui descend à travers d'étroites gorges rocheuses, et dans ces conditions de vie désastreuses, plusieurs milliers d'ouvriers perdent la vie, victimes d'explosions de dynamite, d'éboulements, de blessures. Les installations de camps qui longent le chantier sont insalubres, l'hygiène est déplorable, la nourriture est avariée et beaucoup meurent de malnutrition. La fin des travaux du chemin de fer du CP force les immigrants à chercher du travail en Alberta et dans d'autres provinces.

  • Canyon du Fraser, près de Fountain Valley, en Colombie-Britannique.





  • 1885- Donald Alexander Smith fixant le dernier chevron du Chemin de fer Canadien Pacifique.

  • Premier train du Canadien Pacifique.

  • Locomotive 2317 du Canadien Pacifique.



  • Taxe d'entrée au Canada ​Au Canada, l'hostilité envers l'immigration chinoise, donna lieu à de nombreux affrontements politiques. À partir de la loi de contrôle de l’immigration votée en 1885, l’acte sur l’immigration chinoise exigea des Chinois immigrants au Canada, le paiement d’une taxe d’entrée de 50$, puis en 1900, la taxe se voit rehaussée à 100$, puis à 500$ en 1903. En 1906, de nouveaux critères d'exclusion entrent en rigueur (santé physique et mentale, moralité) et en 1923, la loi de l’immigration chinoise, connue aussi sous le nom de Loi d’Exclusion des Chinois (Chinese Immigration Act, 1923, Canada) interdit à presque tous les immigrants chinois d’entrer au Canada. Un siècle plus tard, en 1989, Toronto rendait hommage en érigeant un monument à la mémoire des 15 000 travailleurs chinois ayant participé à la construction des tronçons du CFCP de la Colombie-Britannique. En 2006, le premier ministre canadien, Stephen Harper, présenta des excuses formelles aux Sino-Canadiens pour la Loi d’exclusion des Chinois et la taxe d’entrée infligée aux premiers immigrants, avec une compensation de 20 000 $.

  • La taxe d'entrée chinoise a été introduite en 1885, pour dissuader les Chinois d'entrer au Canada après l'achèvement de la Canadien Pacific Railway.


  • La colère gronde

Après l'achèvement du premier chemin de fer transcontinental aux États-Unis, puis du Canadien Pacifique en Colombie-Britannique, la loi californienne anti-coolie de 1862 imposait une taxe mensuelle aux immigrants chinois, faisant des affaires dans l'État. Vers 1870, de nombreux Américains perdirent leur emploi. La cause étant reportée sur les immigrés chinois, la faute à la Central Pacific Railroad qui les avait employés. Cette colère sous-jacente du travailleur blanc refoulé dans son propre pays s'est rapidement transformée en une haine raciale qui donna naissance à un mouvement anti-chinois à travers le pays, mené avec force et détermination par l'activiste Denis Kearney, l'un des principaux leaders de la campagne anti-chinois et porte-parole de la lutte ouvrière "Workingman's Party", dont les violents discours xénophobes étaient soutenus par la communauté des nativistes blancs de l'Ouest américain. C’est dans ce contexte que plusieurs lois d’exclusion des immigrés chinois ont été adoptées.


  • 1879- Workingman's party/ Parti des travailleurs de Californie, ticket : "Les chinois doivent partir" 

  • 1880- Caricature politique : "Des immigrants chinois dépeints comme des porcs", dévastant un champs de culture représentant des industries. Sur la gauche, une porte entrouverte est inscrite "Traité de Burlingham". L'Oncle Sam et Colombia regarde la scène qui se déroule sous leurs yeux, tandis qu'un épouvantail en lambeaux, chapeauté d'un bicorne illustre le leader du mouvement Workingman's Party, Denis Kearney.




  • Loi anti-migration californienne

Afin de décourager l'immigration, cette haine envers les Chinois s'accompagna d'une politique d'État qui promulgua le 6 mai 1882, la loi sur l'exclusion des Chinois qui fut adoptée par le Congrès et signée par le président Chester A. Arthur. Il s'agissait de la première loi limitant l'immigration aux États-Unis sur la base d'une discrimination raciale et sociale, exigeant du gouvernement chinois qu'une attestation soit fournie, précisant que le travailleur était qualifié ou non pour immigrer. Ainsi, très peu de personnes pouvaient entrer dans le pays. Quant à ceux déjà sur place, s'ils quittaient les État-Unis, ils devaient obtenir une certification pour pouvoir entrer à nouveau.















Pour contenir l'arrivée massive de ces migrants, entre 1910 à 1940, un poste d'immigration fut créé à Angel Island dans la baie de San Francisco, où des millions de chinois désirant entrer aux États-Unis étaient contraints d'attendre plusieurs années sur l'île avant de pouvoir, au pire, être expulsés, au mieux espérer entrer sur le territoire suivant les restrictions de la loi d'exclusion visant les Chinois.

  • Zone asiatique exclue par l'article 3 de la loi sur l'immigration de 1917, du droit d'entrée des États-Unis.

  • Dortoir de la station d'immigration d'Angel Island en Californie. De 1910 à 1940, plus d'un million d'immigrants chinois désirant entrer aux États-Unis étaient contraints d'attendre plusieurs années sur l'île avant de pouvoir entrer sur le territoire,


Lorsque la loi d'exclusion expira en 1892, le Congrès redoubla d'efforts en révisant la loi américaine sur l'immigration et l'a prorogée de 10 ans sous la forme de la loi Geary, qui devint permanente de 1902 à 1920, interdisant à l’ensemble d’une communauté l’accès à la naturalisation et obligeant chaque résident chinois à s'enregistrer et à obtenir un certificat de résidence. Ceux qui ne possédaient pas ce document risquaient l'expulsion du territoire national.















  • Première page de la Loi d'exclusion des Chinois en 1882 qui faisait suite au traité Angell de 1880, une série de révisions du traité Burlingame de 1868 qui permettait la suspension de l'immigration chinoise sur le territoire américain.

  • 1892- Certificat de résidence sino-américain.

  • 1901- L'appel de San Francisco discutant de la Convention d'exclusion chinoise.




En 1943, le Congrès révoqua tous les actes d’exclusion, par la loi Magnuson, permettant un quota national de 105 immigrés chinois par an. En 1952, l'adoption de la loi sur l'immigration et la nationalité a été abolie, et ce n'est qu'en 1965 que les barrières raciales sont réellement tombées, ouvrant la voie sans restrictions à l'immigration chinoise.

  • 1965- Lyndon B.Johnson signant " The immigration and Nationality Act of 1965"




  • Gum San/ la montagne d'or de l'Australie. L'immigration chinoise en Australie remonte aux années 1720, mais c'est à partir de 1851 que la découverte d'or dans les colonies de la Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria a attiré les Chinois du Guangdong qui débarquaient par vagues de 10 000 chaque année pour tenter leur chance et faire fortune. Pour ces immigrants du sud de la Chine, la ruée vers l'or de l'Australie représentait "le Gum San", un voyage plus judicieux, car moins loin (3 mois) et moins couteux qu'une traversée périlleuse au fond d'une cale de plusieurs mois pour rejoindre les États-Unis ou le Canada. En 1855, environ 20 000 immigrants chinois travaillaient sous contrat dans des exploitations aurifères. Ce nombre ne cessa d'augmenter pour passer à plus de 33 000 travailleurs chinois.







  • 1858- Mineurs chinois à Ballarat dans l'État de Victoria.

  • 1861- Exploitation minière à Guildford, Victoria.








  • 1860/1861-Bannière anti-chinois- 3000 hommes blancs ont attaqué des mineurs chinois, sur le site aurifère de Lambing Flat.

  • 1866- Arrivée d'immigrants chinois à Melbourne's Chinatown.

  • 1900- Prospecteurs d'or chinois en route vers les exploitations aurifères.

  • 1888- Politique de l'Australie blanche, anti-chinois.

Avec l'arrivée massive de ces migrants, la discrimination à l'égard de la communauté chinoise n'a fait que grandir jusqu'à provoquer des émeutes et de violentes attaques pour les faire partir. Le parlement finira par céder à la pression populaire et votera une loi pour limiter l'entrée des chinois sur le territoire, The Chinese Immigration Act de 1855, imposant à tout migrant en provenance de Chine de régler une taxe de 10£ pour débarquer, le navire ne pouvant transporter plus d'1 chinois pour 10 tonnes de marchandise. S'ensuivit une série de lois restrictives adoptées par l'État puis par la Fédération.


  • "Chinese Restriction and Regulation Act to protect the Colony from dangers of Chinese immigration"/ Loi sur les restrictions et la réglementation chinoises pour protéger la colonie des dangers de l’immigration chinoise.

  • Immigration Restriction Act, 1901, est l'une des premières lois du Commonwealth adoptée après la Fédération, qui marque l'époque de la politique de l'Australie blanche afin de garder l'Australie British. Cette loi a été le début de ce qui est maintenant connu sous le nom de "White Australia Policy" et n'a été entièrement abrogé que dans les années 1970.

  • Le racisme anti-asiatique Le racisme anti-asiatique est né au XIXe siècle, lorsque des pays en accroissement économique recherchaient une main-d'œuvre à moindre coût. La métaphore raciste envers l'immigrant chinois s'est rapidement propagée, avec la peur de l'invasion du monde blanc par des hordes de "sauterelles chinoises". L'escalade de cette haine envers les Chinois a engendré des émeutes qui éclatèrent à travers le pays, suivi de massacres dans tout l'Occident.

  • 1878- Les immigrants chinois présentés comme des sauterelles envahissant la ferme de l'Oncle Sam, fuyant l'ombre de la famine.


Le pouvoir médiatique a joué un rôle déterminant dans l'escalade d'évènements dramatiques qui s'ensuivirent. L'image de propagande véhiculée par les dessins de presse et la récupération du sentiment anti-chinois à des fins politiques a largement contribué à envenimé la situation, stimulée par la sinophobie populaire en orientant le regard de de la nation vers l'objet de leur choix. À cet effet, le rédacteur du Los Angeles News, Andrew Jackson King alimentait ses colonnes d'injures à l'encontre de la communauté chinoise, les traitant " d'aliens, de race inférieure et idolâtre, de personnages hideux et repoussants... une malédiction pour le pays et une tache odieuse sur notre civilisation".


  • La propagande de presse

















  • 1877- Le premier coup porté à la question chinoise. L'opinion des Californiens à l'égard de la question chinoise ne fait plus aucun doute, les travaillistes forment une unité. La presse est unanimement opposée à l'immigration et à l'emploi des chinois et aucun compromis ne peut être envisagé. Les libertés et l'existence de la race blanche sont menacées, le peuple en colère demande réparation et menace le gouvernement fédéral en posant un ultimatum. Si les politiques continuent à faire la sourde oreille, des problèmes surviendront.

  • 1885- Affiche "les chinois doivent partir" Le maire Weisbach a convoqué une réunion pour expulser le peuple chinois de Tacoma.

  • 1901- "Le Gulliver américain et les Lilliputiens chinois", tiré de "Quelques raisons d'exclusion chinoise : viande contre riz ; La virilité américaine contre le coolieisme asiatique. Lequel survivra ?

  • Les émeutes






  • 1877- San Francisco, réunion du parti des travailleurs devant l'hôtel de ville.

  • 1880- émeute anti-chinois à Denver

  • 1886- "La collision". Anti-émeute chinoise dans Seattle, Washington. 


  • Les Massacres



  • 1871- Des immigrants chinois assassinés lors d'un massacre anti-chinois à Los Angeles.

  • 1885- Massacre de Rock Springs, 28 mineurs de charbon sino-américains assassinés par des mineurs blancs.

  • 1911- Mexique, une charrette transportant des corps vers la fosse commune au lendemain du massacre de 303 Chinois et 5 Japonais à Torréon.


  • Le Péril jaune à travers la caricature politique

La caricature politique est une arme sociale exprimée par des dessins féroces, accompagnés ou non de slogans dont l'humour sarcastique et dérangeant, laisse une trace dans les esprits déjà en colère. En jetant l'anathème sur un groupe d'individus accusés d'être responsables de voler le travail des blancs. Les propagandistes évitent ainsi de parler du vrai problème, qui est le gouvernement responsable de la situation.

  • 1907- C'est un Péril jaune Chinetoc d'une polyvalence surprenante, et il s'est frayé un chemin avec une facilité étonnante: il lavera un tee-shirt pour le Melican Gentility et s'assiéra avec des filles à l'école du dimanche dans une humilité studieuse. Ah, péché est le nom d'un païen.


Diabolisé dans l'esprit du monde occidental, le stéréotype focalisé sur les Chinois a commencé en raison des conflits entre les Européens et la Chine, alimentés par l'extrême gauche qui dénonçait l'émigration massive des coolies chinois, accusés de concurrencer le marché de l'emploi. À cet effet, l'anarchiste Charles Malato (1857-1938) proposa que la race chinoise soit expédiée vers l'Afrique. Ce qui arriva, mais, se sont des chefs d'entreprises qui se sont installés et qui ont prospéré en Afrique. Après ces arguments politiques et économiques, c'est le risque démographique qui fut mis en avant et mobilisé pour dénoncer le péril jaune.


  • Caricature française de 1898 intitulé "La gâteau des Rois et des Empereurs". Cette satyre de presse évoque comment consommer la Chine et montre Guillaume II et la Reine Victoria, qui se querelle au sujet d'une part, tout en enfonçant son couteau dans la galette sur une ligne frontalière pour signifier les intentions de l'Allemagne. Le Tsar Nicolas II, regarde une pièce particulière et la Marianne française proche de lui nous rappelle l'alliance Franco-Russe, tandis que l'empereur Meiji du Japon réfléchit quelle part prendre. Enfin, le mandarin lève les bras pour tenter de les stopper.


Ce Péril jaune dont le terme a été inventé par le sociologue russe Jacques Novikow (1849-1912) dans son essai intitulé "Le Péril jaune", paru en 1897, et dont l'empereur allemand Kaiser Guillaume II (1888-1918) encourageait les empires européens à envahir la Chine, a conduit à des violences raciales envers les immigrants chinois, puis à l'ensemble de l'Asie de l'Est et du Sud.


  • "Le Péril jaune", de Jacques Novikow

..."Le Péril jaune est signalé de toutes parts. Les chinois sont quatre cents millions, mais en théorie, ils peuvent mettre trente millions d'hommes sur pied de guerre. Un beau matin, ils devraient envahir l'Europe, massacrer ses habitants et mettre fin à la civilisation occidentale. Cela paraissait un dogme inattaquable, mais on s'est aperçu que depuis que les chinois se sont fait battre par les japonais dix fois moins nombreux, le Péril jaune n'est plus à craindre sous forme d'invasion militaire, mais par l'ouvrier chinois qui se contente d'un salaire très inférieur à celui de son concurrent. Or c'est le cas de l'ouvrier jaune qui tient l'ouvrier blanc à sa merci. Bientôt, ils fabriqueront des produits meilleur marché que les blancs qui ne trouveront plus acheteur. Le monde deviendra une solitude et notre civilisation périra..." 





  • 1871- "La question Chinoise". Un immigré chinois sans défense contre une foule d'Irlandais près à le lyncher.  Jean Pfælzer dans son livre "Driven Out" fait référence au rôle majeur qu'ont joués les Fénian dans l'hystérie sinophobe de l'époque. (résumé à la fin).

  • 1881- Comparaison des immigrants européens, représentés dans le panneau de gauche comme des vertus, tandis que les immigrants chinois sont illustrés par un serpent représentant les maladies.

  • 1882- Caricature politique. Un chinois assis sur une caisse, intitulé "Ordre", entouré de marchandises nommées, industrie, sobriété, paix, devant une porte fermée inscrite "Porte dorée de la liberté"  La notice informe : "Communiste, nihiliste, socialiste, fénian, voyou, Bienvenue, mais pas d'admission au chinois..La légende au bas de l'affiche explique que : "Le seul interdit, homme d'état américain éclairé, nous devons tracer une ligne quelque part, vous savez".


  • 1882- Caricature politique "Le mur anti-chinois" - Le mur américain monte tandis que l'original chinois descend, montrant des ouvriers de différentes nationalités; des Irlandais, un Afro-Américain, un vétéran de la guerre civile, un Italien, un Français et un Juif, construisant un mur contre les Chinois. Le mortier du Congrès est utilisé pour construire des blocs de préjugés, de non-réciprocité, de loi contre la race, de peur, etc. De l'autre côté de la mer, un navire américain entre en Chine, alors que les Chinois abattent leur propre mur et autorisent le commerce de marchandises telles que riz, thé et soie.

  • 1882- "What Shall We Do With Our Boys" de George Frederik Keller, publié dans The Wasp en 1882. Pour de nombreux Américains, les immigrants chinois représentaient une menace pour les emplois des travailleurs blancs. Le sujet était omniprésent dans les médias des années 1870 à 1880, dont les politiciens et autres dirigeants ont utilisé les Chinois comme boucs émissaires dans les débats sur les changements politiques et économiques plus larges, les dépressions économiques et le chômage massif.

  • 1886- commerciale et politique américaine : "L'Oncle Sam expulse le Chinois" , faisant référence à la fois à la loi d'exclusion des Chinois de 1882 et également à la "Machine à laver magique". En résumé, l'Oncle Sam utilisant un « lavage magique » pour débarrasser les États-Unis des Chinois.










  • 1899- La terreur jaune dans toute sa gloire. représentant un chinois debout au-dessus d'une femme blanche déchue. Le chinois représente le mouvement anti-colonial des Boxers et la femme représente les missionnaires chrétiens attaqués par les Boxers lors de la rébellion des Boxers.

  • 1903- L'exploitation de la main-d'œuvre chinoise par les propriétaires de mines a suscité de nombreuses controverses et a joué un rôle important dans la victoire des libéraux aux élections de 1906.

  • 1904- Caricature politique critiquant le gouvernement des États-Unis (représenté ici comme l'Oncle Sam), qui protestait contre l'exclusion des Juifs en Russie tout en excluant l'immigration chinoise dans le pays.

  • 1912- Caricature politique "Un squelette dans le placard". Oncle Sam tenant une affiche inscrite "Manifestation contre l'exclusion russe des Juifs américains", regardant en état de choc un squelette chinois portant un écriteau autour du cou, étiqueté "Exclusion américaine des Chinois".


Lorsque le contrôle de l’immigration aux États-Unis et au Canada a été aboli, de nombreux Chinois chassés sont revenus dans leur pays d’accueil. Les générations suivantes ont fini par ouvrir des blanchisseries, des épiceries, des hôtels, des restaurants etc. Ce sont les fondateurs des Chinatowns à travers le monde.


  • Fondé en 1848, le Chinatown de San Francisco est le plus ancien quartier chinois

d'Amérique du Nord, qui compte la plus grande communauté chinoise hors d'Asie.











 



  • (1895-1906)- Chinatown de San Francisco. Un père sino-américain et son enfant.

  • 1913- Épicerie, chinatown de San Francisco.

  • Une Mère chinoise et ses 2 enfants, dans les rues de Chinatown de San Francisco.


  • Astrologue chinois.

  • 1890- Sino-américaine et ses deux enfants.

  • Bazar cantonais à San Francisco.


  • 1910- Chinatown de San Francisco. Jusqu'à la révolution Xinhai de 1911, les chinois vivant à l'étranger étaient obligés de porter la longue natte pour exprimer leur loyauté envers l'empereur Mandchou Qing.

  • Devant le journal local au Chinatown de San Francisco, des chinois lisant la nouvelle de la reddition de Canton aux Japonais.

  • 1929- Imprimerie de journaux chinois Chinatown de San Francisco. À partir de 1914, 4 quotidiens sont imprimés en cantonais.









  • 1898- Rue des joueurs, Chinatown de San Francisco. La population est en majorité masculine car la politique américaine de l'époque ont rendu difficile l'entrée des femmes chinoises dans le pays.

  • 1900- Les premiers officiers des six compagnies de San Francisco. La CCBA a été créée pour aider les chinois à se déplacer vers et depuis les États-Unis. L'association a également permis de prendre en charge les malades et pauvres. Lorsque le sentiment anti-chinois s'est accru en Amérique, l'organisation a offert une protection juridique et physique. Les agressions physiques n'étaient pas rares dans le quartier chinois de la part d'américains racistes. De tels incidents ont conduit à la montée de groupes tels que les Tongs, qui auraient protégé les chinois des abus des mineurs blanc.

  • 1900- Le premier opérateur téléphonique chinois du Chinatown de San Francisco.


Malgré des conditions de vie très difficiles, certains de ces premiers Chinois d’outre mer qui avaient travaillé dur, dans des conditions proches de l'esclavage, à trimer dans les plantations, les mines d’or et la réalisation des voies ferrées de l'Ouest américain, s’étaient enrichis grâce au commerce et avaient amassé des fortunes. N'ayant pas obtenu de reconnaissance sociale, ni d'excuses, ni d'indemnités de l'État américain pour avoir contribué au développement de leur pays d'accueil, ceux qui avaient réussi redirigèrent leurs économies vers leurs villages d'origine et leurs familles, afin de leur assurer une vie meilleure. En ces temps incertains où l’ordre et la sécurité publique faisaient défaut, cet argent servit aux habitants des villages alentours de Kaiping à construire de véritables forteresses pour se protéger des bandits.


La suite ... Les diaolous de Kaiping, ces étranges forteresse de la diaspora chinoise 

  




Approfondir le sujet - (Éditions en anglais)

  • "Driven Out, The Forgotten War Against Chinese Americans" - Jean Pfælzer

"Driven Out expose une histoire choquante de nettoyage ethnique en Californie et dans le nord-ouest du Pacifique, lorsque les premiers Américains d'origine chinoise ont été arrêtés et purgés de plus de trois cents communautés par des citoyens sans foi ni loi et des politiciens fourbes. De 1848 jusqu'au XXe siècle, les quartiers chinois ont brûlé à travers l'Occident alors que les mineurs et les marchands chinois, les bûcherons et les ouvriers agricoles, les prostituées et les épouses de commerçants étaient violemment chargés sur des wagons de chemin de fer ou des bateaux à vapeur, sortaient de la ville ou étaient tués. Mais les Chinois ont riposté avec des armes, des frappes, des poursuites judiciaires et en refusant catégoriquement de partir. Lorsque des affiches rouges sont apparues sur les granges et les fenêtres à travers les États-Unis, exhortant les Chinois à refuser de porter des cartes d'identité avec photo, plus de cent mille personnes ont rejoint la plus grande désobéissance civile de masse jamais organisée aux États-Unis. Les premiers Américains d'origine chinoise ont été expulsés et sont morts de faim. Mais même face à des pogroms brutaux, ils ont défendu leurs droits civiques. C'est une histoire qui nous définit en tant que nation et marque notre humanité.


  • "The Chinese Must Go" - Beth Lew-Williams

L'auteure, retrace les violences anti-chinois en 1885 à la suite du massacre de 28 mineurs chinois à Rock Springs dans le Wyoming et comment les politiques ont incité à cette violence qui à son tour a provoqué de nouvelles politiques d'exclusion. Le mouvement anti-chinois commence dans les années 1850, avant que le contrôle fédéral des frontières n'établisse des divisions entre citoyens et étrangers. Au cours des décennies passées à abattre des arbres et à poser des voies ferrées dans l’Ouest américain, les travailleurs chinois ont été confrontés à une escalade des conflits et des troubles raciaux. En réponse, le Congrès a adopté la loi de 1882 sur les restrictions chinoises et a fait sa première tentative d'interdire les immigrants sur la base de leur race et de leur classe sociale.


  • "The Chinese Exclusion Act de 1882" - John Soennichsen

L'auteur retrace l'évolution de la Loi sur l'exclusion de 1882 adoptée par le gouvernement fédéral des États-Unis, qui autrefois tolérait ouvertement la discrimination raciale, ouvrant la porte à de nouvelles restrictions des immigrants chinois en Amérique à la fin du 19 ème siècle.


Initialement publié en 1939, ce livre constitue la première étude objective du mouvement anti-chinois, un sujet qui fait autant partie de l'histoire de la Californie que la période des missions ou la ruée vers l'or.


  • "In Search of Equality: The Chinese Struggle Against Discrimination in Nineteenth-Century America" - Charles J. McClain

L'auteur examine les efforts de la communauté chinoise pour lutter contre les multiples types de discrimination rencontrés par le gouvernement au cours du XIXe siècle. Contrairement à l’image stéréotypée d’un groupe passif, peu impliqué et insulaire, la population révélée par Charles McClain est politiquement avisée et familière avec les institutions politiques américaines, irritée par les traitements discriminatoires et capable de se mobiliser pour les combattre. Il s’appuie sur des documents en anglais et en chinois, des dossiers judiciaires et d’autres sources pour retracer la manière dont les Chinois ont cherché à obtenir réparation et changement. McClain se concentre sur la Californie, patrie de l'écrasante majorité des Chinois au XIXe siècle et cœur et plaque tournante du mouvement anti-chinois, ainsi que sur les nombreuses affaires que les Chinois ont portées devant les tribunaux d'État et fédéraux pour justifier leur revendication de l'égalité des sexes.


















© Copyright-Art Photography-Eden Makaya
bottom of page