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Bantaey Srei - La Citadelle des femmes

Eden Makaya

Dernière mise à jour : 5 avr. 2024

Reportage Cambodge ... Un royaume pour les dieux

Catégorie - Archéologie/Architecture



  • Situé sur le site de la vieille ville d’Isvarapura (la cité des seigneurs), à 25 km au nord-est d’Angkor et de ses principaux temples, ce petit joyau de l’art khmer datant du Xe siècle a été construit en 967 à la demande du brahmane Yajnavarâha, conseiller spirituel et précepteur de Rajendravarman et du roi Jayavarman V, à une époque où l’influence indienne de la culture khmère était à son apogée.


​Le temple civaïte d'Içvarapura a été découvert en janvier 1914 par un Français, le lieutenant Marec du service géographique de l'armée, qui signala la présence de remarquables sculptures et bas-reliefs dans ce petit sanctuaire enfoui dans la jungle.



  • La citadelle des femmes

Banteay Srei est certainement le plus accompli et le plus raffiné de tous les temples d'Angkor. Entièrement dédié à Shiva, il portait à l'origine le nom de Tribhuvanamahesvara, traduit par "Le Grand Seigneur des Trois Mondes". Son nom actuel, Banteay Srei, "La Citadelle des femmes", est lié aux bas-reliefs et délicates sculptures des Devatas qui ornent ses façades.

  • Vue du temple

  • Devatas

  • Le Sanctuaire

Banteay Srei est un temple plat de dimension réduite qui s'étend sur une superficie de 45 000 m². Il consiste en un sanctuaire de forme carré, entouré de douves et de trois enceintes emboîtées les unes dans les autres, qui abritent chacune différentes constructions. L'ensemble est traversé par un axe Est-Ouest, matérialisé par une série de Gopuras (pavillons d'entrées) menant jusqu'au sanctuaire central.


  • plan du site

  • Gopura









Situé côté Est, l'entrée du site se fait par le Gopura III, ouvrant sur une importante chaussée d'accès se déployant sur 55 m, bordée d'une rangée de 32 bornes et longée des restes d'anciennes galeries, dont la plupart des piliers de grès sont toujours debout. Côté extérieur, de part et d'autre de l'allée processionnelle, se trouvent les ruines de quatre bâtiments annexes, disposés au Sud et au Nord. À mi-chemin, un mur de séparation permet le passage menant à l'entrée de la 3e enceinte.



  • Allée processionnelle - . enceinte extérieure -. Mandapa -. Prasats


La troisième enceinte, la plus extérieure, forme un quadrilatère de 95 m de large sur 110 m de long, pour une hauteur moyenne de 2 m. L'entrée se fait à travers le Gopura III. Cette enceinte est occupée de part et d'autre par un fossé divisé en deux parties par une chaussée continuant jusqu'à la 2e enceinte. À l'origine, le fossé était rempli d’eau, symbolisant l’océan sacré entourant le Mont Meru. La deuxième enceinte présente à l'est et à l'ouest deux Gopuras. Elle mesure 38 m de large sur 42 m de long et forme, en son intérieur, un couloir périphérique de 9 m sur 7, entourant le mur de la première enceinte.


À l'origine, six galeries de repos (salles longues) en partie effondrées, positionnées sur le pourtour (une au nord et au sud, deux à l'est et à l'ouest). Le Gopura I permet l'accès au sanctuaire principal. L'intérieur de la première enceinte qui représente le cœur du temple forme une cour de 24 m de côté, composée de deux Gopuras situés à l'est et à l'ouest et de deux bibliothèques situées au nord et au sud. Un mandapa permet l'accès au sanctuaire central, composé de trois Prasats (tour sanctuaire) s'élevant sur une unique terrasse, dont celui du centre est consacré à Shiva et les deux autres dédiés à Vishnu au nord et Brahma au sud.


Bâti sur le concept des temples de la période angkorienne. Banteay Srei est entouré de douves et d'enceintes extérieures, le temple contient une cour intérieure composée de trois Prasat en son centre, de bibliothèques et de galeries gardées par des personnages mythologiques.


  • Cour intérieure


  • Gardiens du temple - Hanuman le roi des singe - Garuda, le roi des oiseau

  • Hanuman

  • Lions

Le temple est orné de nombreuses sculptures finement ciselées, représentant des scènes de la mythologie hindoue, décrivant certains passages célèbres du Mahâbhârata et du Mahâyâna.


  Le combat de Valin et sugriva Le palais de Kama Shiva Nataraja (la danse de Shiva)


  • ​Stèle de fondation du temple : Inscription khmère

Lors de son dégagement, les archéologues pensaient que le temple datait du XIIIe ou XIVe siècle (fin de la période d'Angkor), en raison du raffinement de ses sculptures. En 1936, Henri Marchal découvrait la stèle de fondation du temple, qui délivrait sa biographie. D'après les inscriptions, il put confirmer que le temple avait bien été consacré en 967 apr. J.-C. L'inscription khmère sur la stèle rend hommage au roi Jayavarman V et à Yajnavaraha et ses frères, les bâtisseurs du temple.


  • Restauration du Temple

Abandonné à la fin du XIVe siècle, comme la plupart des temples angkoriens, Banteay Srei fut remarquablement restauré par l'équipe archéologique de Henri Marchal. En 1916, une première étude du temple menée par Henri Parmentier donna une description détaillée dans l'Art d'Indravarman (Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient-1919 - EFEO).

Henri Parmentier

Cependant, en 1923, un fait divers allait attirer une attention particulière sur ce petit site oublié, quand André Malraux, encore peu connu du grand public, déroba plusieurs statues de devatas situées sur les murs du sanctuaire Sud. L'arrestation des coupables et la saisie du butin donna lieu à une instruction judiciaire. Une affaire qui, à l'époque, fit grand bruit et la Une des quotidiens parisiens. (lien à suivre en fin de post sur l'affaire Malraux).


Suite à cet événement, le gouvernement cambodgien décida de la restauration du site, dont le dégagement et les travaux de fouilles débutèrent en 1931 par une équipe d'archéologues de l'EFEO, sous la direction d'Henri Marchal (1876-1970), et se poursuivirent pendant six ans, jusqu'en 1936. L'admiration d'une telle découverte, suscita un réel intérêt pour les experts et les historiens, car l'iconographie narrative qui avait fait une timide apparition durant l'époque pré-angkorienne, était à Banteay Srei très représentative. Le déchiffrage des inscriptions et des scènes sculptées sur les linteaux, frontons et tympans permit d'en retracer l'histoire.


Afin de redonner au temple toute sa magnificence d'antan, la reconstruction des bâtiments a pu être réalisée grâce à l'anastylose, une technique de restauration basée sur les principes de Wilhem Dörpfeld (1853-1940), architecte et archéologue, qui consiste dans le rétablissement et le relèvement d'un monument avec ses propres matériaux, permettant de réhabiliter un monument dans son intégralité, par repérage précis de l'emplacement d'origine de chaque élément.


Matériaux - Construits en latérite et en grès rose, ces matériaux ont permis la réalisation d'incroyables sculptures aux détails époustouflants, dont les teintes chaudes et rosées varient au cours de la journée et de l'ensoleillement.












  • Latérite -. Mur en latérité -. Grès rose -. Mur en grès rose

remontage d'un Fronton par anastylose.


Cette méthode de reconstitution consiste dans un premier temps au démontage et à l'entreposage au sol de tous les blocs de pierre formant l'édifice. La seconde étape comprend le nettoyage et le numérotage de chaque élément qui le compose, avant le remontage des pièces. Ce travail méticuleux demande rigueur et précision afin de ne pas endommager les sculptures présentes sur les pierres. Les pièces endommagées ou manquantes sont remplacées par des pièces neuves, sans lesquelles on ne pourrait replacer les éléments anciens.


Grâce à l'étude méthodique de l'ajustement des différents blocs de pierre, la nouvelle fondation établie est consolidée, le monument est reconstruit par remise en place de tous ses éléments. À l'aide de nombreux relevés et clichés photographiques, les blocs manquants sont remplacés par des nouveaux. Les blocs abîmés sont comblés ou reconstitués par l'ajout de matériaux tels que le ciment, le plâtre ou la résine et par différents systèmes d'accrochage.


L'anastylose est une technique rigoureuse, exigeant un travail minutieux, dont la précision prévaut sur la finition de la restauration. Une erreur d'interprétation peut mener à reconstituer le monument d'une manière erronée et les éléments peuvent subir d'éventuels dégâts lors de leur assemblage.


Banteay Srei a été le premier site du Cambodge à bénéficier de cette technique mise au point par des archéologues hollandais et dont Henri Marchal a pu mettre en pratique pour la première fois ce procédé appris lors d'une mission à Java. Ce qui permit de dévoiler une œuvre artistique d'une délicatesse exceptionnelle.



  • Le sanctuaire























 À Suivre

  • Affaire Malraux


















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