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Le grand Torii d'Itsukushima

Eden Makaya

Dernière mise à jour : 17 avr. 2024

Catégorie/Histoire/Japon


Le Torii n'est pas une simple porte, il marque la frontière symbolique entre le monde profane et le monde sacré. Passer au travers de ce Kekkai 結界 (champ de force) revient à emprunter le chemin des Dieux. il est donc important de toujours retraverser dans l’autre sens un torii traversé lors d’une visite à un sanctuaire, afin de revenir dans le monde réel, sans risquer de perdre une partie de son âme. Par respect envers les dieux, le passage se fera uniquement sur les côtés, le milieu leur étant réservé.




  • Symbole emblématique du sanctuaire Itsukushima, le grand Torii est l'un des monuments les plus photographiés du Japon. Classé Trésor National et Bien Culturel Important depuis le 5 avril 1899. Il est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1996. Situé à 200 m du sanctuaire, il marque la frontière symbolique entre le monde profane et le monde sacré.




Érigé huit fois depuis sa réalisation en 1168, le Torii actuel date de 1875. Sa structure est conçue de façon à absorber les torsions et les mouvements engendrés par la mer, les typhons et les séismes. Il ne possède pas de fondation, mais repose sur le sable et seul son poids de 60 tonnes et ses six piliers lui assurent une position stable et équilibrée, malgré un terrain mouvant. D'une hauteur de 16,6 mètres, sa largeur est de 24,2 mètres à la poutre transversale. Les matériaux utilisés pour la construction du Torii, ont nécessité diverses essences de bois.

Ainsi, la toiture et les colonnes d'étayages sont en cyprès du Japon/hinoki 檜. Les deux piliers centraux qui avoisinent les 10 mètres de circonférence sont en bois de camphrier de 500 à 600 ans d'âge, (le camphrier étant un bois dense et imputrescible). Les quatre autres piliers de support sont en cèdre et Les pannes faîtières du torii Kasagi et Shimagi sont creuses et l'intérieur est rempli d'environ 7 tonnes de galets et de sable, afin d'agir comme contrepoids. La base des colonnes principales est construite avec un grand nombre de pieux Senbonkui. Entre 30 et 100 pieux en pin d'une longueur comprise entre 45 et 60 cm sont plantés sur chaque colonne.

Tous les cent ans, les parties immergées et abîmées par l’eau de mer sont remplacées, cette pratique s'appelle le Sugekae. Sa magnifique laque rouge vermillon Komyotan est censée repousser les mauvais esprits et la préserver de la corrosion.
























  • Description du Torii

Le Torii est construit dans le style Ryōbu 両部, classé dans la catégorie Myōjin torii 神 系 鳥 居 (dont les linteaux supérieurs Kasagi et Shimaki sont incurvés vers le haut). Il est constitué de deux colonnes centrales Hashira 柱, légèrement inclinées, auxquelles ont été ajoutés quatre piliers supplémentaires de renforcement. L'ensemble permet aux Hashira 柱 de supporter deux linteaux horizontaux; un linteau supérieur kasagi 笠木 et un linteau inférieur nuki 貫, dont leurs légères incurvations vers le haut se nomment Sorimashi り 増. Le nuki 貫 est maintenu en place par quatre Kusabi 楔 (coins), au centre duquel se trouvent deux entretoises Gakuzuka 額束, recouvertes de deux tablettes Hengaku 扁額 gravées au nom du sanctuaire. Au sommet des deux colonnes Hashira 柱, se trouve un anneau décoratif appelé Daiwa 輪.


  • Ornements du Torii

Au deux extrémités de la toiture et suivant les principes de l'Onmyōdō 陰陽道, de chaque côté du torii, sur les pannes faîtières, une lune dorée est représentée face à l'ouest et un soleil doré face à l'est.





  • Le Hengaku 扁額

Le Hengaku est une tablette gravée portant une inscription calligraphiée. La gravure terminée, un blanc de Chine est utilisé pour faire ressortir la forme des caractères. Les cadres sont généralement rectangulaires, oblongs ou ronds. Côté océan, le cadre contient l'inscription calligraphiée « Itsukushima-jinja » ; tandis que dans celui du côté du sanctuaire, il est écrit « Itsukishima-jinja ». Les cadres actuels ont été placés au moment de la restauration du Torii en 1875.


Le cadre central contient sur ses deux faces, une calligraphie disposée entre le toit et la poutre de traverse. Il s’agit d’un Hengaku 扁額 réalisé par le prince Arisugawa Taruhito 有栖川宮熾仁親王, officier de carrière dans l'armée impériale japonaise et maître dans l’art de la calligraphie et de la poésie.

  • Prince Arisugawa Taruhito 有栖川宮熾仁親王 (1835-1895)

  • Itsukushima-jinja, coté océan - Face Ouest

  • Itsukishima-jinja, coté sanctuaire -Face Est

  • Tablette O-torii offerte par Ouchi Yoshitaka à l'ère Tenmon (1532-1555)



  • La légende du Torii

torii 鳥居 / litt. « là où sont les oiseaux »

Le mot torii 鳥居 contient le kanji de l’oiseau : « tori » 鳥.a


Dans l'une des versions relatant la légende d'Amaterasu et de la caverne, il est écrit dans le Kojiki qu'à la suite d'un long combat avec Susanoo, la déesse du soleil, très en colère après son frère, s'enferma dans la caverne du Paradis Ama no Iwato 天岩戸 et que le monde fut alors plongé dans l'obscurité éternelle. Les dieux se réunirent afin de trouver un moyen d'apaiser l'ire de la déesse et de la convaincre de sortir. Ils décidèrent de placer devant l'entrée de la caverne un sasaki 榊/arbre sacré shinto, sur lequel ils installèrent des coqs pour les faire chanter éternellement. Intriguée par le bruit, Amaterasu, sortit et la lumière réapparut. Les gens se seraient ensuite mis à construire des perchoirs pour oiseaux devant l’entrée des sanctuaires, ce qui pourrait expliquer l’origine des torii.


  • La caverne du Paradis Ama no Iwato 天岩戸 est la grotte sacrée où, selon les plus anciennes chroniques japonaises, le Kojiki et le Nihon Shoki, la déesse du soleil Amaterasu se retira lorsqu’elle était furieuse contre son frère Susanoo.

  • Ema, légende d'Amaterasu



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  • Miyajima, l'île sacrée des hommes et des dieux




























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