Extrait - L'île - Les premiers peuples de l'île

Communauté des Veddahs
Il existe de nombreuses légendes sur les premiers habitants du Sri Lanka, mais très peu de personnes connaissent réellement leur histoire. La plus populaire est celle contée par les Cinghalais qui révèlent selon les sources du Mahavamsa, que les Veddahs, une communauté de chasseurs-cueilleurs nomades qui vivaient dans des grottes et se déplaçaient dans la jungle, serait le premier peuple connu existant depuis le VIe siècle avant J.-C., et les descendants directs du Pince Vijaya, le premier roi légendaire de Lanka et de la reine Kuweni, une femme du clan indigène Yakka.
Le Mahavamsa relate qu'à la suite de la répudiation de Kuveni par Vijaya, en faveur d'une princesse Kshatriya/castre noble, du pays Pandya en Inde méridionale, leurs deux enfants, un garçon et une fille, partirent pour la région de Sumanakuta, dans le district de Ratnapura, et leur progéniture a donné naissance aux premiers Veddahs. Il est rapporté que cette race serait identique aux Yakkhas d'autrefois. Très peu de spécialistes de l'époque se sont intéressés à l'étude des Veddahs. Néanmoins, afin de récolter des informations sur la culture et le mode de vie de ce peuple, Charles Gabriel Seligman (1873-1940), pathologiste et ethnologue britannique, portait ses principaux travaux ethnographiques sur la description de la communauté Veddah, secondé par sa femme Brenda Seligman (1883-1965), anthropologue de formation, pour le compte du gouvernement britannique afin de mener une enquête ethnographique sur la culture aborigène. Un livre décrivant la vie des Veddahs sera publié en 1911.

Mais, le plus grand défendeur et expert de ce peuple incompris et opprimé par le gouvernement était le Dr Richard Lionel Spittel (1891-1969), chirurgien et auteur ceylanais, qui écrivait sur les Veddahs qu'ils étaient une ramification d'une tribu autochtone de l'Inde qui avait traversé le pays jusqu'à Ceylan à l'époque préhistorique avant que les deux terres ne soient séparées par la montée de la mer qui donna naissance au détroit de Palk.
Dans sa biographie "Chirurgien du désert", Il raconte sa première rencontre avec la communauté des Veddahs ... "Le craquement silencieux d'une brindille le fit se retourner. Près de lui, encadré par la jungle, se tenait un homme. Son corps avait la couleur de la terre, ses yeux agités comme des yeux d'animaux, ses mouvements silencieux comme ceux d'une bête de la forêt. ... À moitié nu, à l'exception d'un pan de tissu d'écorce battue, il se tenait debout et, lorsque les yeux du garçon rencontrèrent les miens, nos regards se fixèrent. Son visage avec son arcade sourcilière basse et ses pommettes fortement marquées au-dessus de joues creuses ne ressemblait à aucun autre que j'avais connu."

Dans les années 1950, après avoir été expulsé de leur territoire, la création du parc national de Maduru Oya, a privé les Veddhas de leur dernier refuge et terrain de chasse. Forcés par les autorités à se sédentariser, ils ont été déplacés en dehors du parc et nombreux sont ceux qui ont pratiquement cessé d'exister en tant que communauté autonome, adoptant un mode de vie étranger à leurs coutumes, devant s'adapter aux nouvelles cultures locales.
Aujourd'hui, de nombreux Veddahs habitent dans des villages-réserves, à l'extérieur de la forêt, survivants de l'artisanat et du tourisme qui assure uniquement en apparence un revenu pour la communauté. Cependant, la question éthique à se poser est de savoir ou se situe la limite à établir pour ne pas tomber dans le piège du zoo humain ? Les enfants vont à l’école, certains sont partis dans les Émirats Arabe, employés comme domestiques et dans la prostitution, Les femmes Veddahs ont commencé à se marier à des Cinghalais et des Tamouls ... Le Dr RL.Spittel disait à ce sujet que la proximité des habitats cinghalais et tamoul conduisait inévitablement au métissage, l'un des facteurs primordial dans l'effacement d'une race.
En 2021, une étude anthropologique menée par trois universitaires Srilankais portant sur les comportements défavorables au développement, avait pour objectif principal d'étudier la dépendance à alcool et aux stupéfiants observée dans la communauté Veddah depuis leur sédentarisation. En raison de la consommation d'alcool, les Veddahs ont tendance à être violents, ce qui conduit à de nombreux problèmes sociaux et familiaux observés dans leur communauté.
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