Catégorie/Histoire/Société/Tibet

Arrestations, violations des droits de l'homme et des droits fondamentaux, destructions de sites religieux, Pékin poursuit sa politique de destruction de la culture tibétaine. 65 ans après l'invasion du Tibet par la Chine et l'exil du Dalaï Lama vers l'Inde, la répression chinoise continue de faire des centaines de victimes parmi les Tibétains.
À l'international, les populations se mobilisent en soutien à la communauté tibétaine afin de dénoncer le génocide culturel à l'encontre de ce peuple. De grands rassemblements sont régulièrement organisés à travers le monde en guise de protestation.

L'identité tibétaine réprimée par la Chine
Afin de remodeler la société et le mode de vie des Tibétains, la Chine continue la destruction du tissu culturel du Tibet en infligeant plus de restrictions à la population du Tibet. Au nom du patriotisme, de nombreuses interdictions ont été mises en œuvre, dont l'étude de la langue tibétaine en faveur du mandarin, que les enfants apprennent comme langue principale dès leur plus jeune âge. Les nomades vivants dans les plaines ont été contraints de se sédentariser et les livres d'histoires sur le Tibet ont été réécrits afin de minimiser le rôle du bouddhisme. Mais ceci n'est qu'un bref aperçu des mesures vexatoires infligées par le PCC, conduisant les Tibétains à revendiquer leur statut social, religieux et culturel par des manifestations sévèrement sanctionnées par Pékin.

Le Tibet sous la dynastie Qing
Sous la tutelle de la dynastie Qing (1644 à 1912), le Tibet qui faisait partie de la Chine était un État souverain qui possédait certains droits d'autonomie politique, dont son propre gouvernement appelé Gaden Podrang, mis en place en 1642 par le 5e dalaï-lama, Lobsang Gyatso. La situation changea lorsque la République Populaire de Chine fut proclamée en 1949 par Mao Zedong.
By Philg88: Attribution Wikimedia Foundation, www.wikimedia.org - Own work Incorporates modified version of File:Empire of the Great Qing (orthographic projection).svg. Note that the map excludes Tawang from Tibet., CC BY 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=32457960
Constituées de plus de 80 000 soldats, les troupes chinoises envahirent le Tibet qui sera entièrement colonisé dès 1950. Malgré sa protestation auprès de l'ONU contre l'agression chinoise, le gouvernement tibétain n'obtiendra aucune réponse ni solution de la part du Comité directeur de l'Assemblée générale.
Alors que les soldats chinois continuent leur progression, le Dalaï Lama âgé de 17 ans est émancipé le 17 novembre 1950 et peut assumer les pleins pouvoirs spirituels et temporels en tant que chef de l'État. En 1951, une délégation tibétaine munie des pleins pouvoirs du gouvernement local du Tibet se rend à Pékin pour tenir des pourparlers avec les autorités chinoises, où un prétendu « accord en 17 points » sera signé sous la contrainte et dont les aménagements limités offerts par les Chinois ne seront jamais honorés.
Les dates
En 1957, la révolte gronde contre la politique antireligieuse menée par le PCC qui se définit comme un régime athée. Afin d'écraser la rébellion, l'armée chinoise détruit les temples, torture, viole et assassine pour humilier le bouddhisme tibétain.
10 mars 1959 : La résistance tibétaine et le soulèvement national tibétain s'allient contre les Chinois à Lhassa. Des milliers d'hommes, femmes et enfants seront emprisonnés, torturés et massacrés.
Le 17 mars 1959, lorsque la Chine bombarde la capitale du Tibet, le Dalaï Lama s'enfuit accompagné d'un groupe de 37 personnes. Traversant l'Himalaya pour échapper aux patrouilles ennemies, il se réfugie en Inde où il obtiendra l'asile politique. Il crée un gouvernement d'exil à Dharamsala où est mis en place un ministère de la Culture et de la Religion chargé de préserver et de faire connaître la culture tibétaine.
Entre 1959 et 1961, 80 000 Tibétains traverseront l'Himalaya au péril de leur vie afin de rejoindre l'Inde, le Népal ou le Bhoutan. Le PCC dressera une liste des « traîtres », sur laquelle figure le chef religieux et les membres qui lui sont proches. Ces « traîtres » jugés par l'État seront exécutés sur la place Tiananmen à Pékin.
Pendant la Révolution culturelle (1966-1976), les gardes rouges pilleront et détruiront plus de 6 000 monastères, des milliers de moines et nonnes bouddhistes seront emprisonnés, torturés et exécutés.

Persécution du bouddhisme tibétain
Afin de protester contre la domination chinoise et pour montrer au monde la tyrannie exercée par le PCC, de nombreux adeptes du bouddhisme sacrifient leur vie au nom de la liberté spirituelle.

L'immolation en guise de protestation
Le premier cas d'auto-immolation tibétain remonte au 27 février 2009, alors que les autorités chinoises auraient bloqué l'entrée des moines dans les monastères. L'un d'entre eux, Tapey, portant un drapeau tibétain et la photo du Dalaï Lama, s'est alors immolé par le feu. En mars 2011, 12 Tibétains ont mis fin à leurs jours par auto-immolation. En 2012, 4 Tibétains se sont immolés en janvier, 6 en février, 10 en mars, 2 en avril, 3 en mai, 5 en juin, 2 en juillet, 7 en aout, 1 en septembre, 10 en octobre et 16 en novembre.
Les rapports du Times of India en 1984 font apparaître que depuis 1951, environ 432 000 personnes ont été tuées lors d'affrontements ; 343 000 sont mortes de faim ; 173 000 morts en prison ; 157 000 exécutés ; 93 000 torturés à mort ; 9 000 se sont suicidés. Au total, c'est 1 habitant sur 5 qui aurait perdu la vie. Ce génocide enclenché depuis 1949 a fait plus de 1 200 000 morts jusqu'à nos jours.

Au-delà du désespoir
Au nom de la liberté spirituelle et culturelle et comme le souligne le cas ci-contre (IMG), cette forme de protestation est malheureusement devenue le principal symbole de l'opposition politique au Tibet. Un acte des plus désespérants qui donne tristement un sens à la puissance et à l'horreur de ce phénomène.
Le 16 mars 2011, à Ngaba, le jeune moine Lobsang Phuntsog âgé de 21 ans s'est immolé par le feu en guise de protestation, appelant au retour du Dalaï Lama au Tibet. La police s'est acharnée sur lui, le rouant de coups pendant qu'il était en flammes. À la suite de cet événement tragique, le monastère de Kirti et la ville environnante ont été soumis à une campagne d'éducation patriotique intensifiée et à une présence militaire importante et implacable. IMG/Par SFT HQ — Flickr: Phuntsog, 21 years old, 16 March 2011, Ngaba (2), CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18336054
En 2008, les Tibétains se sont soulevés pour protester contre le régime chinois dont les événements suivants et leurs conséquences sont particulièrement pertinents pour comprendre l'émergence des manifestations. Cependant, face à la violence de l'État, la situation a dégénéré et s'est transformée en émeutes. S'ensuivirent des centaines d'arrestations et d'emprisonnements.




1/Répression militaire à Ngaba après les troubles de 2008 By SFT HQ (Students for a Free Tibet) - https://www.flickr.com/photos/sfthq/6437937821, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=35648542
2/Moines tibétains arrêtés à Ngaba. Par SFT HQ — Flickr: Arrested Monks and lay Tibetans, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=17959099
3/Moines tibétains arrêtés et exhibés avec une pancarte au cou. Par SFT HQ — Flickr: Arrested Monks, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18176058
4/Des policiers relèvent les bras dans le dos de civils tibétains baissant la tête. Par SFT HQ — Flickr: Arrested Tibetans, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18176036

La Répression chinoise
Après des années de négociations, une politique d'engagement avec la Chine a été poursuivie par le gouvernement tibétain en exil, mais le Plan de paix proposé en cinq points suivi de la Proposition de Strasbourg n'a jamais abouti.
La violation des Droits de l’homme au Tibet montre que le conflit touche à des questions sociales, politiques, économiques, culturelles, militaires et éthiques. La politique discriminatoire des bouddhistes tibétains et de la culture tibétaine est hélas toujours d'actualité. En 2023, plusieurs rapports des médias ont fait état de la répression des Tibétains sous le régime autoritaire de la Chine, qui subissent des conséquences plus dures et une surveillance toujours plus intense. Les gens sont molestés, harcelés, battus et torturés sur leur propre territoire. Panneau situé au dessus de l'entrée d'un petit café à Nyalam au Tibet "Attention de la police : ne pas distribuer de pensées ou d'objets malsains." By John Hill - Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=7913580.
Afin de museler la population, le PCC détruit le pays en construisant de gigantesques barrages, forçant la délocalisation des habitants. L'acharnement de la Chine envers le Tibet ne fait qu'augmenter la résistance de son peuple et il est fort probable que personne ne pourra éteindre l'âme des Tibétains.
En savoir+
L’invasion chinoise au Tibet, 1949- 2006: revendications identitaires et enjeux culturels
Comments